Vous saurez tout sur Kamui FUJIWARA, premier round !
08/01/2016
Il y a quelques semaines, nous vous parlions d’une exposition à Tokyo dédiée à Kamui FUJIWARA (Dragon Quest – Emblem of Roto et Unlucky Young Men), pour fêter ses 35 ans de carrière. (https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1098976353475997&id=105381832835459).
À cette occasion, nous avons pu rencontrer l’auteur et réaliser une interview, afin qu’il nous en dise un peu plus sur cette exposition, son parcours et son œuvre… Une rencontre passionnante et très riche, tellement que nous avons été obligés de couper cette entrevue en trois parties pour que vous puissiez en profiter pleinement !
Voici donc le premier round, dans lequel l’auteur nous explique l’origine de l’exposition qui lui était consacrée, du 14 novembre au 13 décembre, à la CHEEPA’S GALLERY.
Suivront la semaine prochaine le deuxième et le troisième round, de quoi vous faire patienter jusqu’à la sortie du tome 19 de Dragon Quest – Emblem of Roto, le 14 janvier ! ;)
Bonne lecture !
LES ORIGINES DE L’EXPOSITION
Qui a eu l’idée de cette exposition à l’origine ?
M. Kôrogi (NDT : Le producteur de cette exposition) avait des liens avec la CHEEPA’S GALLERY à la base, et je connais moi-même M. Kôrogi depuis longtemps, en fait, nous sommes voisins. Quand il a émis l’envie de devenir une sorte de producteur, l’idée a été de faire de cette exposition la première étape de ce travail. M. Kôrogi et son fils ont sélectionné les œuvres exposées ensemble, parmi les data de certaines de mes œuvres que je leur avais envoyées sur un Blu-ray. Puis, ils ont peaufiné le projet, cherchant à mettre en avant la version papier de mes dessins…
Beaucoup d’artistes ou de mangaka n’aiment pas montrer leurs œuvres de jeunesse, mais apparemment, vous n’avez pas de problème avec ça.
J’ai honte de certains dessins, mais après tout, je les ai dessinés, alors on n’y peut plus rien (rires). Une œuvre incomplète ou immature est toujours remplie de possibilités, car elle n’a pas atteint sa plénitude. C’est ça qui est intéressant. De par son incertitude même, elle est encore modelable. Moi aussi, je peux voir mes anciennes œuvres sous un nouveau jour.
Pour vous, quel est le sens du titre de l’exposition : The Brain Atlas ?
Le mot atlas m’est venu tout seul, il n’y a pas vraiment de sens profond.L’idée est d’aligner un peu au hasard tout ce qui me passe par la tête, de créer un labyrinthe dans lequel on peut se perdre. Un endroit d’où il serait dur de sortir sans plan.
Le panneau avec les roughs (cf photos "Panneau roughs" 1 à 3) contient des dessins de diverses périodes de ma vie, accrochés dans tous les sens. Le reste des panneaux sont plutôt organisés de façon normale, avec un chemin clair à suivre, mais pour celui-là, le but était de donner l’image de ce qui se passait dans ma tête avant que je ne devienne un vrai mangaka.
Pourriez-vous me donner plus d’explications sur le concept de ce panneau de roughs ?
Dans les séries télé américaines, on voit souvent le policier se faire un panneau chez lui ou à son bureau, avec les différents indices et des photos épinglés, et des fils rouges liant les punaises entre elles. J’aime beaucoup ce type de présentation, j’avais envie de faire pareil. Au début, ça faisait un peu vide, alors on a décidé de laisser des post-it (cf photo "Post-it") pour que les visiteurs puissent mettre des messages et pour rendre l’ensemble encore plus chaotique.
DANS LA TÊTE DE KAMUI FUJIWARA
Il paraît qu’à l’époque vous dessiniez souvent des mangas sans faire de roughs ou de story-board ?
Oui, au collège. Faire un story-board ou des esquisses, c’est chiant, non ? (rires)
Et pourtant l’histoire et les dessins sont lisibles et bien en place. Comment ça se passe dans votre tête ? (rires)
Je ne sais pas. Je vois les scènes sous forme de film. Je travaille toujours mes story-boards en prenant pour canevas une double page, mais en petit format (dessine avec ses doigts un format type B5). La silhouette de la première case apparaît de façon un peu trouble. Je trace les lignes des cases en conséquence, et j’affine cette silhouette.
Pour la première case, ça se passe comme ça. Ensuite les scènes suivantes viennent au fur et à mesure. De ce point de vue, le story-board fait office d’esquisse. D’habitude je dessine sur une feuille à l’horizontale, pour représenter la double page. Ensuite j’agrandis l’ensemble à la photocopieuse pour adapter à la taille des planches de manga et je repasse sur les traits.
J’ai été étonnée de voir qu’il y avait même votre journal des rêves. Vous l’avez tenu pendant combien d’années ?
2-3 ans je pense.
Pourquoi avez-vous décidé d’exposer quelque chose d’aussi personnel ?
En fait j’ai sorti un livre basé sur ce journal des rêves, intitulé Millenium (NDT : inédit en France). C’est un manga tout en couleurs. Je voulais montrer l’origine de cette œuvre.
Avez-vous un rêve qui vous a particulièrement marqué dans votre vie, en bien ou en mal ?
Oui. Je ne sais plus si je l’ai dessiné dans mon journal des rêves, mais en tout cas je l’ai dessiné dans Roots (NDT : inédit en France). C’est un rêve que je ne peux pas oublier. Une corde géante, presque de ma taille, ondule devant moi (fait le geste d’une corde qui passe devant lui en ondulant). Dans Roots, la conclusion est que cela représente un cordon ombilical. C’est en quelque sorte le premier souvenir en images de ma vie. Je me dis que ça pourrait être mon cordon ombilical, qui flottait autour de moi. En tout cas, je rêve souvent d’une sorte de fil... Je n’ai jamais essayé de trouver un sens profond à la chose. Dans Roots, c’est l’interprétation qui est ressortie. Je pense que c’est quelque chose que j’ai vu en réalité.